Du Théatre à la communication

26 novembre 2012

Théatre

Je reviens sur un événement de la semaine passée. Mercredi, le lendemain de l’arrivée de l’équipe TBE au complet, déjà la nouvelle s’est répandue, les amies blanches sont arrivées ! Dans la cour de Gambidi, ce sont des embrassades, des étreintes sincères, franches et joyeuses. « Mes mamans blanches ! ». Danièle, Jacqueline, Nicole sont particulièrement entourées. Dans le groupe, une autre Jacqueline, noire celle-ci, très démonstrative, parle beaucoup, rit beaucoup, pleure même un peu. C’est superbe de voir ces effusions sans retenue. On sent bien vite que c’est direct du cœur, qu’il y a eut quelque chose précédemment qui a été échangé de manière réciproque.

Jacqueline est comédienne et joue dans une pièce de théâtre. Demain, nous serons au premier rang.

« Le crépuscule des temps anciens » , c’est le nom de la pièce d’après Nazi Boni un auteur politique qui a fortement marqué son pays.

Jeudi soir, nous nous installons dans les sièges du premier rang d’une petite salle d’une centaine de places, à ciel ouvert. La scène est au centre et très vite, la salle se remplit. C’est toujours plein disait Jacqueline.

La pièce commence et ça jaillit de partout, musique, danses, chants accompagnent les longues scènes parlées et vécues. Magnifique. Je suis dedans.

Bien sûr, les blancs en prennent plein la figure avec la colonisation. Pas de commentaire ! Et tout se termine comédiens et spectateurs mêlés sur la piste en train de danser et d’applaudir. Une vraie fête.

Le vendredi, c’est Tabaski !

Tabasli, c’est la fête de l’Aïd-El Kebir dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, la fête du mouton ! On lui fait plutôt sa fête, au mouton! C’est jour férié.

Comme les étudiants de l’école de théâtre ont travaillé ce jour de tabaski, ils se reposent le lundi. Mes cours ne commenceront donc que mardi matin.

Chaque déplacement durant plusieurs jours nous obligent à nous économiser au moment du retour tellement la chaleur nous inflige son poids, on a l’impression d’une grande fatigue. Une douche et du repos s’imposent.

Mardi 30 octobre

C’est l’anniversaire de Michaël et l’anniversaire de 43 ans de mariage. Je n’ai pas oublié d’envoyer des messages de circonstance.

Dès 8 heures, l’agitation anime la cour de Gambidi, les motos, une à une viennent se ranger sous l’ombrage du grand arbre. La ponctualité n’est cependant pas la grande force des Burkinabés. Jusqu’à 8 heures un quart, c’est toléré, m’a dit Luca Fusi, après il ne faut pas accepter.

À 8 heures un quart, il n’y en avait pas la moitié. À 8 heures et demi, quand même ils étaient à peu près tous là. 11 étudiants de l’école du CFRAV et 4 étudiants de 1^ère année Art et Communication de l’Université de Ouagadougou. Je ne sais pas comment sont recrutés les étudiants en Université mais les difficultés financières pour faire des études rallongent certainement la durée de celles-ci. Travailler un premier temps pour mettre de l’argent de côté et financer cette période ou travailler en même temps… Si bien que parmi les 4 étudiants de l’Université, un étudiant a dépassé la trentaine et occupe le poste d’agent détaché à l’aéroport pour la lutte contre la fuite des objets d’art Burkinabés à l’étranger. Un autre est agent ministériel au ministère de la culture et chargé de la relation avec les artistes et plasticiens du Burkina Faso… !!!

Certains étudiants du CFRAV ont déjà 27, 28 ans et ont déjà exercé différents métiers avant d’intégrer cette école de théâtre, s ‘assurant des licences de droit ou ayant exercé des métiers plus manuels.

Faire connaissance et comprendre les différents rouages de la vie burkinabé ont pris un peu de temps mais m’ont permis d’entrer ensuite plus efficacement dans mon cours de communication et surtout permis de l’orienter plus directement en phase avec les préoccupations de chacun.

Mardi : Qu’est-ce que la communication ? En quoi la communication va-t-elle être utile à chacun des participants ? Le premier acte de communication professionnel : le C.V., la lettre de motivation…

Mercredi : Comment établir un plan de communication pour vendre un produit, pour se vendre ?

À bases de tableaux, d’exemples détaillés, de vulgarisation à partir de situations relativement proches des leurs, ils rentrent petit à petit en connexion avec mon discours. Chacun prend des notes, ils sont attentifs, studieux, puis se lâchent et posent mille questions, se font expliquer. Ils sont actifs, bravo. C’est une classe bigrement intéressante !

Jeudi : La création de la communication. Je les entraine à s’exprimer, à créer, dessiner en groupe et chacun se prend au jeu et ça devient un cours éparpillé mais bien vivant.

Vendredi : La stratégie de communication et pour les remercier de cette participation aussi active, je leur propose de visiter une exposition sur le thème de la création en communication à l’Institut français.

L’anecdote vaut surtout que je rejoins tous les étudiants à l’Institut Français juché sur la moto de Charles, un des étudiants du CFRAV qui se fait un point d’honneur à me conduire le plus sérieusement possible à travers Ouaga, à travers une circulation désordonnée et dense d’autres motos. À chaque feu ou arrêt de la moto de Charles au milieu des autres motos, des centaines de paires d’yeux sont tournées vers moi , bête curieuse parmi tous ces noirs, un blanc sur le siège arrière d’une moto !!!